Confessions d'un faussaire - La face cachée du marché de l'art by Eric Piedoie le Tiec

Confessions d'un faussaire - La face cachée du marché de l'art by Eric Piedoie le Tiec

Auteur:Eric Piedoie le Tiec [Tiec, Eric Piedoie le]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Récits, Autobiographie, Drogue, Musée, Déjanté, Culpabilité, Sexe, Alcool, Justice, Prisons, Art, Anglais
ISBN: 9782315009374
Éditeur: Max Milo
Publié: 2019-10-03T22:00:00+00:00


20. - Ma période japonaise [1999]

En 1999, je pars seul pour le Japon. J’ignore tout de ce pays. Une seule certitude : sa littérature – son théâtre en particulier – et surtout son cinéma me fascinent. Avec moi, j’apporte trois Picasso (des huiles sur toile des années 1930 à 1942), une trentaine de dessins de César et deux compressions de laque pour cheveux. Au préalable, j’ai envoyé par courriel à mes prospects les photos des œuvres, leur format et leur prix. En échange, j’ai reçu une offre intéressante de la Nippon Art Exchange Gallery, et j’ai décidé, pour cette fois, de me passer d’un intermédiaire. Rendez-vous est pris à l’hôtel Island Shangri-La pour finaliser la transaction, après les vérifications habituelles sur l’authenticité et la provenance.

Je déclare aux douanes que ces pièces appartiennent à une de mes sociétés. Tous les César sont certifiés par la veuve de l’artiste. Les Picasso font partie de ma collection et sont tous vrais – je les avais achetés avec une partie des fonds de Tel-Aviv. L’argent de cette transaction a été transféré d’une banque japonaise à la Fortis Bank de Bruxelles, sur le compte d’une de mes sociétés.

Une fois à l’hôtel, les négociations s’engagent. Lentement. Saké sur saké, mes acheteurs passent la journée à jouer avec mes nerfs en détournant les conversations, changeant sans cesse de sujet pour tenter de casser les prix. Ils sont malins ! Ils ont le pouvoir et le temps de m’user ; mais les œuvres leur plaisent, je le sens. Ils repartent du Island Shangri-La sans que nous ayons finalisé notre transaction. Rendez-vous est pris pour le lendemain, même heure. J’angoisse à l’idée de tout ce temps encore à perdre pour les supporter. Dans ce commerce de l’art, il faut penser riche, paraître riche, mais sembler pauvre et inculte. En termes d’argent, la confiance est une utopie. Pour le reste, j’aime passer pour un imbécile. Sur cette séance, j’ai conscience d’avoir été scanné de fond en comble. Ma nervosité n’a pas échappé à mes interlocuteurs, qui en ont évidemment profité.

Six heures après la reprise de nos palabres, épuisé et fin saoul à force d’enchaîner les sakés pour me calmer, j’accepte de céder les Picasso pour 850 000 $. Évidemment, cela vaut plus. Ils sont superbes, expertisés et archivés. Ils se seraient vendus cinquante pour cent plus cher en vente publique. Néanmoins, j’ai gagné deux fois et demi mon prix d’achat. Nous nous quittons bons amis (tu parles) et conscients d’avoir conclu un excellent deal. Ils demandent si j’en possède d’autres. La vérité, c’est que j’en ai, mais pas pour eux ! Je repars avec mes trente dessins de César – preuve que, décidément, le marché japonais n’est pas prêt pour ce maître – et les deux compressions, mes interlocuteurs n’étant pas intéressés. J’arrive rop tôt. Mettant à profit mon escapade, je prends le pouls de la création japonaise. Je baguenaude dans les galeries d’avant-garde, genre Tamenaga et Art gallery. Je zyeute ce que manigancent les stylistes et dévalise quasiment le show-room de Watanabe, en addict convulsif de la mode japonaise.



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